Jane Masters MW est la Master of Wine d’Opimian
Avez-vous déjà visionné un film primé aux Oscars pour constater que ce n’était pas votre tasse de thé ? Il existe des milliers de festivals de films, mais ce n’est pas parce qu’un film a été primé qu’il vous plaira. Le monde du vin propose lui aussi une multitude de concours.
Les concours de vin varient par leur envergure et leur notoriété, allant des panels régionaux locaux aux grandes activités internationales telles que l’International Wine Challenge, l’International Wine & Spirit Competition et le Decanter World Wine Awards.
Chaque concours est structuré et organisé différemment, et les vins peuvent y être inscrits pour diverses raisons : une volonté réelle de comparer les vins à ceux des pairs, le souci d’accroître la visibilité et la reconnaissance ou encore l’espoir qu’une médaille permettra d’augmenter le prix. Ayant été juge principale pendant de nombreuses années, j’ai pu constater les avantages et les inconvénients des différents formats de dégustation. Il y a plus qu’une bonne méthode, mais deux facteurs clés permettent de les départager : le calibre des juges et l’objectivité de la dégustation.
Cela semble amusant, mais croyez-moi, c’est un travail difficile de goûter des vins toute la journée – vraiment ! Même les juges les plus expérimentés deviennent blasés après une journée de dégustation. Plus on déguste de vins, plus nos sens de l’odorat et du goût sont émoussés. Les tanins du vin rouge s’accumulent dans la bouche et l’alcool se fait sentir, même en crachant. Pour que les vins présentés soient évalués de manière juste et équitable (après tout, les producteurs paient pour participer), les dégustateurs doivent être capables de se concentrer pendant des heures. L’étendue de l’expérience de dégustation du dégustateur est également importante. Par exemple, un viticulteur portugais peut être un dégustateur doué, mais n’est pas nécessairement qualifié pour évaluer des vins de Toscane ou d’Australie. L’objectivité est également importante. Chaque dégustateur doit être capable d’évaluer chaque vin de manière indépendante, sans être influencé par les autres juges. Les juges les plus vocaux ne sont généralement pas les meilleurs dégustateurs ! Les vins doivent toujours être dégustés à l’aveugle. Cela signifie généralement que les bouteilles sont emballées. Les meilleurs concours tenteront d’éliminer toute possibilité d’identification. Par exemple, une bouteille de forme inhabituelle sera décantée. Les Masters of Wine sont souvent recherchés comme juges de concours. La rigueur, la capacité de dégustation et l’endurance nécessaires pour réussir les examens les placent en bonne position.
Les récompenses rassurent les amateurs de vin, mais elles ne constituent pas une garantie en béton. Seule une petite fraction des vins du monde est inscrite (l’inscription et l’envoi d’échantillons sont payants), ce qui signifie qu’il existe de nombreux autres vins tout aussi bons, voire meilleurs. Méfiez-vous des vins « Meilleur de sa catégorie » venant de cépages obscurs ou de régions peu connues, car il se peut qu’un seul vin ait été inscrit au concours !
Certaines publications et certains critiques de vin publient des notes sur 20 ou 100. Chacun a sa propre méthode et ses préférences en matière de style. Les notes seules ne vous disent pas quel est le goût d’un vin et ont également des limites. Une dégustation est un instantané dans le temps. Les vins continuent d’évoluer et peuvent être dégustés à n’importe quel stade de leur cycle de vie. Par exemple, de nombreux critiques publient les notes de la dégustation annuelle En Primeur à Bordeaux, qui influencent à leur tour le prix du vin. Toutefois, les vins dégustés sont des échantillons de fûts, qui vieilliront pendant 12 à 18 mois supplémentaires. L’échantillon peut ne pas être représentatif de l’assemblage final, ou peut avoir été prélevé dans le meilleur fût. Dans tous les cas, le vin final mis en bouteille aura un goût très différent et pourra ou non être à la hauteur de sa note.
J’utilise le principe de la dégustation objective comme base du processus de sélection des vins d’Opimian. Pour chaque Cellier Opimian, je reçois 150 à 180 échantillons de vin. Pendant une semaine, ces vins sont dégustés loin des vineries et autres influences extérieures. Les vins sont d’abord dégustés en groupes selon la région, le cépage, le style et le prix. La qualité est déterminée par l’intensité et la complexité des arômes et des saveurs, l’harmonie, la structure, la longueur et la longévité du vin. Je recherche des vins qui reflètent véritablement l’origine et le style du vin et qui offrent un bon rapport qualité-prix. Ainsi, un vin simple, mais bien élaboré peut obtenir un score élevé. Pour une même note, un vin plus cher doit en offrir davantage.
Après la dégustation initiale, certains vins sont comparés de différentes manières. Par exemple, les différents niveaux de prix d’un cépage particulier confirmeront la hiérarchie de qualité. Je devrais pouvoir goûter la nette progression de la concentration, de la profondeur et de la complexité à mesure que le prix du vin augmente. Certains vins sont dégustés jusqu’à cinq fois au cours de la semaine pour évaluer leur évolution après avoir été exposés à l’air libre. Cela me donne une idée de leur potentiel de garde et de leur période de consommation.
Ce procédé s’effectue en tenant compte des dégustations et des salons professionnels pour rester au courant de ce qui se passe dans le monde. Cela me permet de mesurer la qualité des vins par région et par millésime, de sorte que je peux avoir une confiance totale dans la qualité de chaque vin que je sélectionne pour Opimian.