Pourquoi j’aime mon cellier ?

Jane Masters MW est la Master of Wine d’Opimian

 

Je n’ai pas une cave à vin luxueuse, ni même de réfrigérateur à vin. Mes vins ne sont pas tous parfaitement organisés et catalogués. En fait, je dois admettre que je n’ai même pas une liste précise et à jour de tous mes achats de vin. J’ai bien une feuille de calcul, mais je ne me souviens pas toujours de la mettre à jour !

 

Je ne sais donc jamais vraiment quels vins je possède. Pour compliquer les choses encore plus, j’ai des vins cachés dans différents endroits en France et au Royaume-Uni, en fonction de la date et de l’endroit où je les ai achetés et où je veux les boire.

 

En général, je n’achète pas de vins dans le but de faire un investissement, bien que je possède quelques vins de qualité pour lesquels il existe un marché et qui pourraient être vendus. Ce sont des vins qui ne sont pas prêts à boire dès maintenant. Pour éviter toute tentation et au cas où je déciderais de les vendre, ils sont stockés dans un entrepôt externe climatisé. Cela dit, en général, j’achète des vins pour moi, pour les boire et pour les partager.

 

Ce que j’aime d’un cellier, c’est d’avoir des vins à portée de la main, quelle que soit l’humeur ou l’occasion. La spontanéité de recevoir la visite d’amis (vous vous souvenez de cette époque ?) et d’ouvrir une bouteille à partager, ou la sensation de se détendre le vendredi soir, ou simplement la célébration du soleil qui brille… Si un aliment particulier est de saison, j’adore dénicher la bouteille parfaite pour l’accompagner. Même si je dois admettre que, chez moi, nous faisons souvent l’inverse : nous décidons de ce que nous allons manger en fonction du vin que nous avons envie de boire !

 

Dans le cadre de mon travail quotidien, il m’arrive de croiser des bouteilles qui me surprennent. Au fil des ans, j’ai eu quelques surprises en dégustant du vin, certaines bonnes et d’autres mauvaises. Les bonnes surprises ont été des vins bons marché élaborés par le vigneron pour être vendus et bus relativement jeunes, mais dont la concentration et la richesse laissaient présager un plus grand potentiel et qui faisaient encore bonne figure bien après 20 ans. Certains vieux cabernets chiliens et Crozes-Hermitage me viennent à l’esprit.

 

Il y a des vins que j’ai achetés et mis de côté, puis oubliés. Lorsque le confinement a eu lieu l’année dernière, j’ai ressorti quelques-uns de ces vieux trésors, pour me rendre compte que je les avais laissés reposer un peu trop longtemps dans certains cas ! En conséquence, j’ai été incité à boire davantage de mes vins plus anciens plutôt que d’attendre la « bonne » occasion spéciale. L’année dernière, j’ai dégusté des bouteilles délicieusement mûres. Des vins que, même si je le voulais et en avais les moyens, je ne pourrais pas trouver dans une œnothèque aujourd’hui.

 

Tous les vins ont une durée de vie et une période de consommation optimale. Les préférences gustatives de chacun sont différentes, et cela comprend une préférence pour les styles de vins plus jeunes ou plus anciens. De nombreux vins sont faits pour être bus jeunes et ne s’amélioreront pas. Pour ceux qui sont faits pour être vieillis, à leur apogée, ces vins ont une dimension supplémentaire en matière de goût. Mais, si on les laisse vieillir trop longtemps, ils deviennent secs, dilués et ennuyants. Avoir un cellier permet d’essayer un vin à différents moments, et il est fascinant de voir comment il évolue au fil des ans.

 

Bien sûr, il n’est pas toujours facile d’avoir un cellier rempli de vins délicieux. Lorsqu’un vin se boit bien, on est toujours tenté d’en ouvrir une seconde bouteille. Si les bouteilles sont à portée de main, on se retrouve rapidement à la dernière bouteille, et le dilemme est alors de savoir quand ouvrir cette dernière.