par Konrad Ejbich
Le Beaujolais est l’un des vins rouges les plus consommés au monde. C’est peut-être parce qu’il est d’une simplicité absolue, très rafraîchissant et délicieux et qu’il accompagne à merveille la nourriture.
La plupart des vins nécessitent qu’on réfléchisse un peu avant de les jumeler à de la nourriture. Le Beaujolais, lui, nous dit « Amenez-en ». Le processus unique de vinification (la macération carbonique) donne des vins d’une immense fraîcheur, débordant d’arômes et de saveurs de baies, ronds en bouche, corsés, mais sans tannins lourds qui fatiguent le palais.
Le Beaujolais et son robuste voisin, le Beaujolais-Villages, apportent de la joie au palais et à la table, plutôt que des tons feutrés discutant de la minéralité sur fond de Mahler. Le Beaujolais est un vin à refroidir légèrement, puis à servir librement durant les Fêtes et lors de buffets et de banquets, ou simplement à déguster avec des amis non-conformistes.
Dès les premiers jours de l’expansion romaine, les armées de soldats ont tracé des routes à travers la France en se déplaçant en Gaule. Ils ont ordonné le défrichage des terres et la plantation d’olives pour l’huile, d’orge pour le pain et de vignes pour le vin. Juste au nord de Lyon, dans la région appelée Beaujolais, seul le raisin gamay a prospéré, et il y survit encore aujourd’hui.
La moitié sud de la région est légèrement vallonnée, avec des dépôts fluviaux argilo-calcaires et marneux qui donnent des vins aux arômes luxuriants et au fruit charmant à consommer en un an ou deux.
La moitié nord est beaucoup plus accidentée, avec des poches distinctes de porphyre, de granit et de manganèse : ce sont les terroirs où 10 crus spéciaux du Beaujolais offrent plus de profondeur, de complexité et un peu de longévité.
À quelques kilomètres au sud de Mâcon, les appellations les plus méridionales de chardonnay comme Pouilly-Fuissé et Saint-Véran cèdent la place au gamay rouge du Beaujolais et aux crus les plus complets : Saint-Amour, Juliénas, Chenas, Moulin-à-Vent, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Regnié, Côte de Brouilly et Brouilly.
Chacun a ses particularités propres : certains sont plus audacieux (Moulin-à-Vent, Chenas, Morgon), d’autres plus fruités (Brouilly, Côte de Brouilly), d’autres plus veloutés (Fleurie, Juliénas, Saint-Amour), d’autres encore parfumés et délicats (Chiroubles, Regnié). Et chacun est merveilleux en soi.
Le Beaujolais Nouveau (aussi appelé vin primeur) est la première saveur annuelle du millésime. C’est très enthousiasmant … pendant, peut-être, quinze minutes. Le Nouveau est comme le chapitre d’introduction d’un bon livre, attirant l’attention et engageant le lecteur, mais ce qui suit est forcément plus intéressant et plus satisfaisant. Une fois que vous avez bu une bouteille de Nouveau (à consommer de préférence dans les six semaines précédant le Nouvel An), il est temps de passer aux vins plus sérieux de la région.
Le Beaujolais n’est pas un très grand vin, c’est un très bon petit vin.
Commandez ces vins de Beaujolais jusqu’au 7 juin 2021
Domaine de Milhomme, Cuvée le Mûrier, AOP Beaujolais, 2020, lot 2522
Clos des Poulettes, AOP Juliénas, Jacques Charlet, 2019, lot 2529
Château de Durette, Cuvée Les Gimarets, AOP Moulin à Vent, 2019, lot 2521
L’Or des Pierres, AOP Beaujolais, Blanc, Jacques Charlet, 2020, lot 2533
Konrad Ejbich est écrivain, radiodiffuseur, enseignant et maître du goût. Ses articles sont parus dans Wine Spectator, Decanter, Meininger’s Wine Business International et de nombreuses publications canadiennes. Au début de sa carrière, il a remporté trois fois la course du Beaujolais Nouveau vers le Canada.