Par Michael Palij MW
J’ai été le troisième Canadien à obtenir le titre de Master of Wine après David Lake et David Gleave. Il serait juste de dire que la plupart des Canadiens aiment prendre un verre. Peut-être pas autant que nous, les MW, mais en tant que personne ayant grandi à Creemore, Canada, j’avais au moins une excuse !
Malgré un double diplôme en littérature anglaise et en philosophie de l’Université de Toronto, il m’a été difficile de trouver un emploi rémunéré et, puisque de si nombreux grands noms de la littérature se sont tournés vers l’alcool, il me semblait impoli de ne pas en faire autant. Je me suis inscrit à un cours d’œnologie avec Margaret Swaine et en 1989, armé de mon amour naissant pour le vin et d’un exemplaire malmené de mon guide de voyage Let’s Go, j’ai réservé mon billet pour l’Angleterre.
Mon premier emploi consistait à remplir les étagères chez Oddbins (détaillant légendaire à l’époque) et je me souviens encore de ce moment marquant où j’ai réalisé à quel point le vin pouvait avoir bon goût (il s’agissait d’un Premier Cru Chablis, pour répondre à la question). J’ai alors eu la piqûre et j’ai rapidement suivi tous les cours du Wine and Spirit Education Trust (WSET). En 1992, l’Institute of Masters of Wine a accepté ma candidature et, en 1995, après avoir dégusté plus de 25 000 vins, j’ai été admis comme membre et suis devenu le 196e Master of Wine au monde.
Je travaillais alors comme acheteur et mon premier voyage en Italie en 1993 a déclenché en moi une passion pour ce pays, ainsi que pour sa gastronomie et ses vins, passion encore intacte aujourd’hui. L’Italie ne cesse de me fasciner. Son histoire, la combinaison unique de cépages et de terroirs et la créativité propre à l’âme italienne offrent des possibilités illimitées de découvertes tout à fait captivantes.
J’ai fondé Winetraders en 1997 avec un seul objectif : mettre en marché les produits de ces hommes et ces femmes qui travaillent sans relâche pour faire la promotion de cépages et appellations tombés dans l’oubli. Notre processus de sélection est particulièrement rigoureux. En temps normal, je visite l’Italie jusqu’à 20 fois par an et y malmène des voitures de location tout en visitant des caves qui passent tout à fait inaperçues.
Il est facile de raconter des histoires lors d’un salon professionnel, mais il est beaucoup plus difficile de simuler des vignobles ou une cave lorsque votre client se trouve sur votre terrain. Après une vérification complète, tout est dégusté en aveugle et en pair. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’un vin est ajouté à notre liste. Nous travaillons avec certains cultivateurs depuis plus de 30 ans. J’ai vu leurs enfants grandir (certains ont effectué un stage au sein de notre équipe au Royaume-Uni) et ensemble, nous avons bâti nos réputations. J’offre des conseils techniques lorsqu’on me le demande, mais généralement dans la cave plutôt que dans le vignoble. On me demande souvent d’aider à effectuer un assemblage ou de critiquer différents ferments.
Aujourd’hui, nous travaillons avec plus de 50 domaines qui partagent tous ces valeurs. Notre marché principal est le Royaume-Uni, mais nous aidons également des clients dans plus d’une douzaine de pays dans le monde. Au Canada, mon association avec Opimian s’est renforcée au cours des quatre dernières années, les membres ayant répondu massivement au message simple comme quoi rien ne garantit mieux la qualité d’un vin qu’un vigneron passionné.
Cette année, je suis ravi de présenter aux membres d’Opimian ma propre gamme, Terra Firma, qui comprend trois vins siciliens, dont deux issus d’un seul cépage et un rosé dominé par le nero d’avola. Je collabore avec une coopérative locale pour assembler des parcelles provenant de différents vignobles et, souvent, d’altitudes différentes. Mais avant tout, je recherche l’équilibre et un goût d’une profondeur suffisante pour créer quelque chose de vraiment exceptionnel à ce niveau de prix. J’espère que vous aimerez mes vins et je vous remercie de votre soutien constant !
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(en anglais)